Préface

Dans toutes les régions de France, on trouve une rue, une place Léon Blum. Des dizaines d’écoles, de collèges, de lycées portent son nom. Mis à part Jean Jaurès et le Général de Gaulle, les hommes politiques du XXème siècle ne sont pas si nombreux à avoir cet honneur.

Et pourtant, Léon Blum n’a exercé le pouvoir que quelques mois. Président du Conseil du Gouvernement de Front Populaire, une première fois en 1936-37, une deuxième fois chef du Gouvernement durant quelques semaines à l’hiver 1947-1948.

Quelle est donc cette empreinte que Léon Blum laisse dans l’histoire de notre pays ? Pourquoi est-il aujourd’hui encore, soixante ans après sa disparition, cité comme une référence ou un modèle lors de chaque débat politique national ? Quelles sont les qualités que lui ont prêtées tant ses partisans que ses adversaires ?

La véracité. En tant que « Français, juif et socialiste », Léon Blum ne dévie pas, dans ses discours ou dans ses écrits, de la vérité. Ce qui lui importe c’est de convaincre, de démontrer, sans rien cacher des difficultés, des divergences, des débats. Ce n’est que par la persuasion, par l’appel à la raison, que Léon Blum entend faire avancer les idéaux socialistes.

L’intégrité. En butte aux attaques les plus caricaturales, les plus ordurières, sur ses relations ou sur sa prétendue fortune, Léon Blum n’a pas besoin de se défendre, d’argumenter. Ses choix sont clairs et constants, sa vie personnelle transparente, ses amitiés fidèles.

Le courage. Dès le début de son engagement politique, lors de l’Affaire Dreyfus, Léon Blum sait que le courage est indissolublement lié à l’action publique. Le courage d’affronter les institutions, telles que l’armée et les forces cléricales. Le courage, d’être minoritaire dans son propre parti, pour porter sa conception du socialisme et de la démocratie. Le courage de défendre parfois, comme lors de la Guerre d’Espagne, des choix qui lui seront un crève cœur mais qui lui sembleront les seuls possibles. Le courage physique face aux agressions antisémites, celui de refuser de voter, dans une atmosphère de lynchage, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Le courage, enfin, de s’opposer sans trêve au Nazisme, à la Collaboration, celui de survivre à la prison et à la déportation et de retrouver le goût et la force de l’engagement, à soixante dix ans passés.

Que l’on partage ou non les idéaux politiques de Léon Blum, que l’on juge positivement ou non son action au cours du XXème siècle, ces trois vertus lui sont unanimement reconnues. Mais cela ne suffit pas pour expliquer toute la place que Léon Blum tient dans l’histoire et la mémoire collective de notre pays. Avant tout il demeure le chef du Front Populaire, porteur d’une embellie, d’un espoir, dans cet entre deux guerres si sombre. Espoir symbolisé par ce mot d’ordre si simple : pour le Pain, la Paix, la Liberté.  Espoir auquel Léon Blum et le Front Populaire se sont efforcés de donner réalité. Espoir que chacun saura traduire aujourd’hui, dans un monde nouveau et si peu différent.

Antoine Malamoud